En parler aux enfants

Après les attentats de Charlie Hebdo nous avions décidé avec M. Galette de ne rien dire à notre Grand, pensant que du haut de ses 6 ans il n'était pas encore assez costaud pour accueillir cette tragédie. Nous avons regretté lorsqu'il nous a dit que sa maîtresse en avait parlé en classe. Ses camarades étaient presque tous au courant : leurs parents avaient laissé la télé allumée dans le salon en continu le mercredi. Ils avaient vu et entendu des choses qu'ils n'étaient pas en mesure de comprendre et en avaient parlé maladroitement.
Conséquence ou non, MonGrand a déclenché une peur de l'abandon les jours qui ont suivi. Il pleurait et paniquait dès que je le laissais à l'école ou au sport.
Ca a duré 3 longues semaines.
Il lui arrive encore de nous en parler de temps en temps.

Nous avons décidé cette fois de tout lui dire mais avec nos mots et nos convictions.
La France est un pays de liberté qui aide des pays en guerre en envoyant des militaires tuer des soldats. Certains sont furieux alors vendredi ils ont décidé de se venger en tuant des Français. Or ils ont choisi de tuer des Français qui n'étaient pas des soldats, des Français qui n'étaient pas armés, des Français qui s'amusaient et vivaient librement. Beaucoup de Français.
Nous n'avons pas parlé de gentils ou de méchants car nous ne sommes pas dans une histoire. Ce ne sont pas des personnages de papier qui ont agi vendredi mais des êtres humains ou ce qu'il en restait.
Nous avons évoqué les questions de religion pour qu'il n'y ait pas d'amalgame et pour éviter que certaines paroles haineuses qu'il entendra probablement à l'école ne l'imprègnent.

Bizarrement, il n'a pas posé de questions. Il a semblé un peu détaché. Il est encore jeune pour comprendre ce que ça signifie réellement mais cette fois, nous lui avons donné de quoi affronter les futures discussions qui débuteront lundi à l'école.
Le plus important, nous lui avons redit que nous l'aimons.

Bienvenue dans la vraie vie.